Personnages:

Narrateur 
Alice
Soeur d’Alice
Lapin banc
Chenille
Pigeon
Lièvre-de-Mars 
Chapelier fou
Loir
As de trèfle
Deux de trèfle
Trois de trèfle
Roi
Reine

Narrateur:     Savez-vous où se trouve le pays des merveilles? C’est le pays que vous visitez dans vos rêves, l’endroit étrange et merveilleux où rien n’est comme ailleurs. C’est au pays des merveilles qu’Alice a renconré le lapin blanc: 

Soeur:     (lisant un livre sans images et sans dialoques) La Tapisserie de Bayeux,qu’on attribue souvent à la Reine Mathilde, femme de Guillaume le Conquérant, est encore en bon état au musée de Bayeux en Normandie. Elle représente la conquête de l’Angleterre par les Normands... 

Alice:         Moi, je m’ennuie. A quoi sert un livre sans images et sans dialogues?

Lapin blanc
:     Oh mon Dieu! oh mon Dieu! Je vais être en retard!

Narrateur:     Le lapin a traversé la prairie en courant regardant sa montre et se parlant à lui-même:

Lapin blanc:     Je suis en retard, je suis en retard pour un rendez-vous très important. Oh, la, la! Il faut que je me depêche! Je n’ai pas même pas le temps de vous saluer! Au revoir! Je suis en retard, je suis en retard, oh! je suis en retard! 



Tous

Je suis en retard, j’ai un rendez-vous quelque part
Je n’ai pas le temps de dire au revoir
Je suis en retard en retard, en retard.
Je suis sorti, beaucoup de retard je redis
Mais au moment où je partais le téléphone sonnait
Depuis, je suis pressé, pressé, ah assez bouleversé
Je cours après le temps perdu
On sait je n’en peux plus, plus, plus!
Je suis en retard, il est déjà le quart 
Je n’ai pas le temps de dire au revoir
Je suis en retard, je suis en retard
Je n’ai pas le temps de dire au revoir 
Je n’ai pas le temps de dire au revoir 
Je suis en retard, je suis en retard 
Je n’ai pas le temps de dire au revoir
Je n’ai pas le temps de dire au revoir

Alice:      Ça alors! un lapin qui porte un gilet, une montre et qui parle! Pour se dépêcher ainsi, il doit sûrement aller à une réception! J’aimerais bien y aller aussi.

Narrateur:     Le lapin blanc a sauté d’un bond par-dessus le ruisseau et a disparu dans un arbre creux. Alice a poursuivi le lapin dans l’arbre at a été précipité dans le vide. Elle est tombée doucement, croisant dans sa chute des objets qui flottaient en l’air: des lampes, des buffets, un fauteuil à bascule, des pendules, des miroirs. Au moment où elle a atteint le sol, elle a vu le lapin blanc disparaître par une porte miniscule, trop étroite pour Alice.

Pauvre Alice! Il lui suffisait de manger un morceau de gâteau pour grandir ou de boire une gorgée pour devenir minuscule.

Elle a rencontré beaucoup d’autres animaux qui parlaient avec elle comme, par exemple, la chenille:

Chenille:     Qui êtes-vous?

Alice:     Je...je ne sais pas trop, Monsieur, pour le moment. Je sais bien qui j’étais quand je me suis levée ce matin, mais j’ai l’impression d’avoir changé plusieurs fois depuis.

Chenille:     Qu’entendez-vous par là? Expliquez-vous.

Alice:     C’est impossible, Monsieur, je ne suis pas moi-même... vous comprenez?

Chenille:     Je ne comprends pas.

Alice:     Pourquoi ne me dites-vous pas qui vous êtes, vous?

Chenille:     Pourquoi?

Alice:     Je m’ennuie... je pars.

Chenille:     Revenez! J’ai quelque chose d’urgent à vous communiquer. (Alice revient)

Chenille:     Un peu de contrôle sur vous-même.

Alice:     C’est tout ce que vous avez à me dire?

Chenille:     Non. Ainsi, vous croyez avoir changé, dites-vous?

Alice:     J’en ai bien peur. Je n’arrive pas à conserver la même taille plus de dix minutes.

Chenille:     Quelle taille aimez-vous avoir?

Alice:     Oh, je ne suis pas difficile. J’aimerais surtout ne pas changer aussi souvent, vous comprenez?

Chenille:     Je ne comprends pas. Etes-vous satisfaite à ce moment?

Alice:     A vrai dire je préférerais être un tout petit peu plus grande. On ne se sent pas trop à son aise quand on n’a que dix centimètres. 

Chenille:     C’est tout à fait suffisant. (La chenille mèsure précisément dix centimètres.)

Alice:     Mais c’est que moi je n’y suis pas habituée!

Chenille:     Vous vous y ferez. (Elle remit sa pipe dans sa bouche et commence à fumer.) Un des côtés vous fera grandir, l’autre rapetisser.

Alice:     Un côté de quoi? L’autre côté de quoi?

Chenille:     Du champignon.

Narrateur:     Alice a pris un morceau du champignon et a grandi au point de dépasser la cime des arbres sous lesquels elle errait à l’aventure il y a quelques minutes. Tout d’un coup, un énorme pigeon la frappait de ses ailes.

Pigeon:     Serpent!... Serpent, je le répète! J’ai tout essayé mais rien n’y fait!

Alice:     Mais que voulez-vous dire?

Pigeon:     J’ai essayé les racines des arbres, le bord des rivières. J’ai essayé les haies, sans prendre garde à elle. Mais ces serpents il n’y a rien à faire!... Comme si ce n’était pas assez compliqué de couver des oeufs, il faut encore que je veille jour et nuit à cause de ces serpents. Je n’ai pas pu fermer l’oeil depuis trois semaines! 

Alice:     Je compatis vraiment!

Pigeon:     Et juste au moment où j’ai choisi l’arbre le plus élevé de la forêt, voilà qu’ils se mettent à descendre du ciel. Hou... serpent!

Alice:     Mais puisque je vous dis que je ne suis pas un serpent! Je suis... je suis...

Pigeon:     Eh bien! qu’êtes-vous donc? Je vois bien que vous essayez d’inventer une histoire.

Alice:    Je suis une petite fille.

Pigeon:     Peu vraisemblable. J’ai connu pas mal de petites filles de mon temps, mais pas une seule avec un cou comme celui-là. Non! Non! Vous êtes un serpent. Inutile de le nier. Je suppose que vous allez me dire que vous n’avez jamais goûté à un oeuf. 

Alice:     J’ai mangé des oeufs, bien sûr. Les petites filles mangent les oeufs commes les serpents, vous le savez bien.

Pigeon:     Je ne le crois pas mais si ce que vous dites est vrai cela prouve que les petites filles ne valent pas mieux que les serpents... Vous êtes à la recherche d’oeufs, c’est clair. Cela m’importe peu que vous soyez une petite fille ou un serpent.

Alice:     Cela m’importe à moi et je ne suis pas à la recherche d’oeufs- certainement pas des vôtres- je ne les aime pas crus.

Pigeon:     Alors, disparaissez!

Narrateur:     Alice a trouvé les petits morceaux du champignon dans ses mains et a pris un morceau de l’autre côté afin de retrouver sa taille normale. Elle est repartie à la recherche de son lapin blanc. Elle n’est pas allée très loin quand elle a aperçu une table dressée sous un arbre devant une maison.

Lièvre-de-Mars et Chapelier fou:
(chantant)

Un joyeux non-anniversaire à mo

A qui?

A moi!

A vous!
Un joyeux non-anniversaire à vous.

A moi. Mais oui, à moi.

Un bol de thé, encore du thé

En nous souhaitant bonne chère

Un joyeux non-anniversaire mon cher!

(Le Lièvre-de-Mars et le Chaplier fou sont accoudés sur le dos du Loir.)

Alice:     Pas très confortable pour le Loir. 

Lièvre et Chapelier:     Pas de place! Pas de place!

Alice:     Il y a largement de place!

Lièvre:     Désirez-vous du vin?

(Alice s’assied à l’autre côté de la table.)

Alice:     Je ne vois pas de vin.

Lièvre:     Il n’y en a pas.

Alice:     Alors, ce n’est pas joli de m’en offrir.

Lièvre:     Ce n’est pas non plus très joli de votre part de vous asseoir sans être invitée.

Alice:     Je ne savais pas que c’était votre table, elle est dressée pour beaucoup plus de trois personnes.

Chapelier:     Avez-vous trouvé la devinette?

Alice:     Non et je donne ma langue au chat. Qu’est-ce que c’est?

Chapelier:     Je n’en ai pas la moindre idée.

Lièvre:     Ni moi. (Le Loir ouvre lentement ses yeux,) Raconte-nous une histoire!

Alice:     Oh, oui, s’il vous plaît!

Lièvre:     Et vite avant de rendormir.

Loir: (parlant vite)     Il y avait une fois trois petites soeurs et leurs noms étaient Elsie, Lacie, et Tillie, et elles vivaient au fond d’un puits.

Alice:     De quoi vivaient-elles?

Loir:     Elles vivaient de mélasse.

Alice:     Elles ne pouvaient pas vivre uniquement de mélasse, vous savez, sans devenir malades.

Loir:     Elles étaient malades, très malades.

Alice:     Mais pourquoi vivaient-elles au fond d’un puits?

Loir:     C’était un puits de mélasse.

Alice:     Ça n’existe pas...

Lièvre et Chapelier:     Chut! Chut!

Loir:  
   Si vous ne pouvez pas vous taire, terminez l’histoire vous-même.

Alice:     Non, je vous en prie, continuez!

Loir:     Donc, ces trois petites filles, elles apprenaient à dessiner, vous savez...

Alice:     Avec quoi dessinaient-elles?

Loir:     Avec de la mélasse.

Chapelier:     Je désire une tasse propre. Avançons tous d’une place. (Tout le monde change de place.)

Alice:     Mais je ne comprends pas, d’où tiraient-elles la mélasse?

Loir:     Vous pouvez tirer de l’eau d’un puits ordinaire; donc, je pense que vous pouvez tirer de la mélasse d’un puits de mélasse. Êtes-vous, par hasard, tout à fait idiote?

Alice:     Mais puisqu’elles étaient dans le puits!

Loir:     Naturellement, elles étaient dedans, bien dedans. Elles apprenaient à dessiner (il baîlle et se frotte les yeux) et elles dessinaient toutes sortes de choses...tout ce qui commence par un M.

Alice:     Pourquoi par un M?

Loir:     Pourquoi pas?

(Alice reste silencieuse; le Loir commence à dormir; le Chapelier le pince et le Loir se réveille avec un petit cri et continue) ...ce qui commence par un M comme: mort aux rats, moustache, moutarde, miaulement... avez-vous jamais vu un dessin de miaulement?

Alice:     Sérieusement, vous me posez cette question?

Chapelier:     Alors, taisez-vous!

Narrateur:     Alice ne pouvait pas supporter cette grossièrté. Elle s’est levée, dégoûtée, et s’en est allée. Le Lièvre et le Chaplier ont recommencé leur chanson...

Un joyeux non-anniversare à moi...

Narrateur:     Alice a commencé à traverser la forêt. Elle a rencontré un chat de Chester qui lui a montré un petit raccourci et Alice a pris ce chemin. Le petit raccourci a conduit Alice dans un jardin où des jardiniers s’occupaient à peindre en rouge les fleurs d’un rosier blanc.

As, Deux, Trois des Trèfles
: (chantant)

Peignant ces roses en rouge, les plus éclartants des rouges

Alice:     Excusez-moi mais pourquoi donc repeignez-vous 
ces fleurs?

Trois:     Hein, euh...la vérité, c’est que mes amis ont planté des rosiers par erreur et...

Tous:     La reine, elle aime le rouge, et sachez entre
nous
Que si elle voit un rosier blanc on tranchera
le cou

Alice:         Jésus...

Tous:    (chantant) 

Alors, on nous voit tremblant--
Nous peignons les rosiers blancs.

Alice:     C’est affreux! Est-ce que je peux vous aider?

Tous:     La reine, elle aime le rouge, le plus éclartant des rouges
Mais que la reine ne sache pas ce qu’on vous dit tout bas
Nous peignons ces rosiers en rouge,,,oui...
Peignons les roses en rouge.

Alice:     Pas bleu ni turquoise ni couleur framboise.

Tous:     La reine!

Alice:     Mon lapin!

Lapin:         Sa grace, sa royale majesté...la reine des coeurs...ah, oui, et... le roi.

Reine:     Hmmm... Qui ose peindre mes roses en rouge? Qui ose peindre mes roses en rouge? Qui a souillé d’un rouge épais mes plus jolis rosiers? Il faut qu’on punisse ces traîtres; qu’on leur coupe la tête.

Deux:     Oh, non, votre majesté, pitié; c’est tout sa faute! (Il montre du doigt le Trois.)

Trois:     Moi? Votre grace, c’est l’As, c’est l’As.

Reine:     Toi?

As:     Non, le Deux!

Reine:     Le Deux, dis-tu?

Deux:     Pas moi! Le Trois!

Reine:     Ça suffit! Qu’on leur coupe la tête!

Alice:     Oh, je vous en supplie...

Reine:     Qu’est-ce que c’est que ça?

Roi:     Un instant, un instant, laissez-moi voir, ma chère...

Reine:     C’est une petite fille.

Alice:     Oui, et j’espérais...

Reine:     Levez la tête, parlez distinctement,... faites la révérence...ouvrez la bouche...ouvrez-la grande... et répondez toujours... Oui, Votre Majesté!

Alice:     Oui,... Votre Majesté!

Reine:     Maintenant, avant de nous dire d’où vous venez, où allz-vous?

Alice:     J’essayais de trouver les moyens de rentrer chez moi.

Reine:     Les moyens? Sachez, petite, tous les moyens sont à moi! 

Alice:     Oui, oui, j’ai entendu dire. Mais je croyais que je pouvais...
Reine:     Faites la révérence au lieu de croire et sachez que les têtes, ça se coupe!

Alice:     Ah, oui, Votre Majesté, je voulais demander...

Reine:     C’est moi qui pose les questions ici! Est-ce que vous savez jouer au croquet?

Alice:     Ah, oui, Votre Majesté.

Reine:     C’est parfait... Que la partie commence!

Alice:     Mais, non, je vous remercie de votre invitation mais je dois rentrer. Vraiment, je ne peux pas rester.

Reine:     Ah! C’est ainsi! Eh bien, puisqu’ elle ne veut pas jouer, qu’on lui tranche la tête!

Alice:     Peuh! Vous ne me faites pas peur. Vous n’êtes rien d’autre qu’un jeu de cartes! 

Narrateur:     Et sur ces mots, Alice a couru à travers ce pays imaginaire jusqu’au bord de la rivière où elle s’était assoupie.

Soeur:     Réveille-toi, Alice chérie! Comme tu as dormi longtemps!

Alice:     Oh, je viens d’avoir un rêve si étrange!

Soeur:     C’était un rêve bien étrange, ma chérie, certainement. Mais maintenant cours vite prendre ton thé, il se fait tard.


                                   

                                                               

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